Le Viognier sur ses terres originelles
Les vins de l’AOP Condrieu sont faits de ce seul cépage. La légende le dit originaire de Dalmatie, apporté en France par l’empereur romain Probus. Mais les dernières recherches sur le génome de la vigne montrent que le Viognier est issu de très anciennes variétés sauvages des rives septentrionales du Rhône. Pour préserver sa typicité d’origine, les vignerons de l’Appellation ont créé un conservatoire des souches anciennes les plus représentatives de sa richesse. Cette origine locale ne suffit cependant pas à expliquer pourquoi le cépage, qui s’est répandu dans d’autres vignobles en France et dans le monde, s’exprime dans les vins de Condrieu comme nulle part ailleurs.
Les secrets d’un grand terroir
À ces particularités géologiques s’ajoutent un climat « Lyonnais » et une sélection rigoureuse de coteaux orientés Sud/Sud-Est. Sous des hivers tempérés, des étés chauds et des précipitations relativement régulières (700 à 800 mm d’eau par an), la vigne est protégée du vent froid du Nord et exposée au vent chaud du Sud. Souvent desséchant, il hâte la maturité et contribue à la protection du vignoble contre les attaques de maladies. L’ensemble de ces facteurs fonde l’équilibre unique aux vins, cette vivacité caractéristique qui soutient une large palette aromatique propre au cépage.
Aller plus loin :
Le savoir-faire artisanal des vignerons
Un cépage, un terroir… Pour faire de grands vins, il faut aussi la passion, la connaissance et l’énergie de femmes et d’hommes dévoués à ces pentes escarpées aux sols fragiles.
Les cultiver exige de sélectionner finement les parcelles et de les aménager. Depuis au moins l’Antiquité, des terrasses ont été construites pour permettre à la vigne de s’accrocher à la roche-mère. Soutenues par des cheys, murs en pierre sèche locale, ces « chaillées » limitent l’érosion, conservent la terre sur les coteaux et abondent les périodes d’ensoleillement du vignoble, en créant un microclimat par la chaleur qu’elles emmagasinent. Nombreuses et étroites, elles nécessitent un entretien permanent, éprouvant et chronophage. De même que les échalas qui tutorent des pieds de vigne densément plantés (8000 à 10000 par hectare).
Très peu mécanisable, tout ce travail reste essentiellement manuel et artisanal. Il explique le faible rendement, les coûts de production élevés et la rareté des vins.